Besoin d'ovules !

Besoin d'ovules !
Certaines femmes manquent cruellement d'ovules, d'autres ne s'en servent pas ! Ce constat mène à une solution toute trouvée. Et si on redistribuait ? Pas si simple...



Une pratique légale

L'idée de donner des ovules apparaît encore aujourd'hui assez fantaisiste. Et pourtant, cette pratique est autorisée par la loi depuis 1994, tout comme le don de sperme depuis 1972, fait connu et communément admis dans notre société. Peut-être que d'un point de vue éthique, la conception d'un enfant "à trois" (en comptant la donneuse) dérange l'opinion. Peut-être aussi que le petit nombre de naissances issues de cette technique (une centaine par an en France) ne suffit pas à faire évoluer les mentalités. Quoi qu'il en soit, le don d'ovocytes permet à des femmes dont l'espoir d'enfanter s'était éteint de tenter leur chance. De façon schématique : la fécondation in vitro (FIV) est réalisée avec les spermatozoïdes du père et les ovules de la donneuse, puis l'embryon est implanté dans l'utérus de la mère dont la grossesse se déroule "classiquement". Le don de gamètes s'effectue néanmoins dans un cadre strict établi par les lois bioéthiques.


Les conditions pour recevoir

Le "couple receveur" remplit certaines conditions. D'abord l'infertilité de la femme doit être liée à l'absence d'ovocytes. En général, celle-ci résulte d'une ménopause précoce d'origine génétique, chirurgicale ou secondaire à une chimiothérapie ou une radiothérapie. Un seul autre cas où le don d'ovules est envisageable : une maladie héréditaire grave de la mère pour laquelle il n'existe pas de test prénatal fiable. A noter : un couple dont l'homme présenterait aussi des problèmes de fertilité n'a pas le droit d'avoir recours à un "double don" de gamètes ; à la fois spermatozoïdes et ovules. Ensuite, le couple hétérosexuel, en âge de procréer, doit soit être marié, soit en mesure de prouver au moins deux ans de vie commune. Pour les femmes de plus de 40 ans, la décision des équipes médicales dépendra du bilan hormonal. Après des examens médicaux divers et variés et un entretien psychologique, il faudra alors signer un consentement à l'assistance médicale à la procréation avec don d'ovocytes, devant le président du tribunal de grande instance, son délégué ou un notaire.

Les conditions pour donner

Les donneuses répondent aussi à des critères précis. Ces femmes doivent avoir moins de 37 ans, être déjà mère d'au moins un enfant et disposer de l'accord de leur conjoint. Leur don s'effectue forcément sur la base de la gratuité, du volontariat et de l'anonymat. La procédure est assez contraignante et prend du temps. Examens cliniques, complémentaires, parfois même génétiques pour commencer. Puis, entretien psychologique. S'en suivent une stimulation ovarienne (traitement hormonal à prendre régulièrement) surveillée par plusieurs rendez-vous médicaux. Et une ponction ovarienne (technique de prélèvement des ovules) sous anesthésie (rarement générale). Les ovocytes sont alors donnés par appariement sur les caractères physiques principaux de la donneuse et de la receveuse (ethnie, couleur des cheveux, des yeux, rapport poids et taille), sur les groupes rhésus et les antécédents médicaux.


La chasse aux ovules

Le don a lieu dans des établissements spécifiques, soit au niveau du centre hospitalier seul, soit en collaboration avec un organisme extérieur spécialisé : laboratoires de FIV ou centres d'études et de conservation des oeufs et du sperme (CECOS). Les praticiens possèdent un agrément clinique et biologique. Pour consulter la liste des centres en France, cliquez ici. Les délais d'attente sont relativement longs (environ 2 ans) et ce, malgré la loi de juin 2004 qui a levé l'obligation de congeler les ovules pendant six mois et qui permet donc de limiter les pertes. Pour se situer en tête de liste, il faut alors bien souvent se mettre en quête d'une donneuse potentielle dans son entourage ou bien par l'intermédiaire de forums sur lesquels on trouve même des propositions d'échange de gamètes masculins contre féminins ! La raison principale de cette pénurie en France : l'interdiction de tout commerce d'ovule. Voilà pourquoi de plus en plus de femmes, notamment grâce à Internet, se dirigent vers un marché plus florissant à l'étranger (Grèce, Espagne, Belgique, Grande-Bretagne) où le don d'ovules constitue une pratique plus courante et requiert moins de patience que dans l'Hexagone. En effet, les donneuses y sont indemnisées en fonction du temps passé et des frais investis (transport, garde d'enfant). Et les receveuses payent le traitement (jusqu'à 6 000 euros selon Associated Press !). Des sommes qui risquent de continuer à augmenter sous la pression de la concurrence qui se joue désormais entre les cliniques.